Negalyod
2 - Le dernier mot

MON AVIS
Quel plaisir d'ouvrir ce second volume de Negalyod. Le premier m'avait bluffé à la fois par sa patte graphique et son histoire très originale. Je plonge donc dans cette suite avec avidité.

Immédiatement je retrouve le trait si caractéristique de Perriot, toujours dans l'inspiration Moebius. Et je suis encore plus impressionné car l'auteur enchaine grandes pages après grandes pages, sans économie de détails. C'est un travail phénoménal, j'en suis à chaque découverte à me demander le temps nécessaire pour ces illustrations.

Toujours aussi original, ce monde aux créatures préhistoriques mélangé avec de la technologie humaine moderne est d'une folle richesse. L'imagination et la créativité sont partout, ce qui fait qu'on s'arrête constamment pour apprécier l'effort.

L'histoire de départ n'est pas en reste, alors que nous observons la chute des cités dans les nuages, les survivants se réunissent sur des grandes arches de navigation, afin d'échapper aux inondations qui vont submerger la planète. Ils domptent les grands monstres, et ils essayent de sauver ce qui reste de la nature pendant qu'un peuple de pirate écume les ruines de l'humanité avec pour objectif à la fois d'alimenter ses moteurs et de tout faire définitivement disparaître.

La dessus s'ajoute un fil conducteur plus global, au travers d'un livre de prédictions qui annonce la grande vague, et la fin totale du monde. Jarri devine cet apocalypse depuis longtemps et tente de guider et protéger son peuple sans arriver à convaincre. Tout ceci amène à une bataille navale finale, et une révélation sur l'origine du monde.

Si j'ai été captivé par la première partie du volume, j'ai ensuite peu à peu perdu pied dans une narration devenant onirique et imaginaire. Le sens de l'histoire se détachait de la réalité, se mélangeait avec les visions du passé, présent et futur, rendant l'ensemble à la fois obscur et confus. Je sais qu'il faut interpréter, en déduire soi-même ce qu'il y a à comprendre, lire entre les images, mais là je n'ai pas su trouver le sens et la cohérence qui tient tout l'ensemble. J'ai aussi eu l'impression que les dessins ultimes, surtout tout ce qui a trait au combat, étaient très fouillis, moins lisibles, les évènements difficilement appréhendables. Perriot est magnifique dans les décors, moins dans les scènes d'actions.

Ma déception est d'autant plus grande que j'avais adoré le début, mais je n'ai pas adhéré à la fin, lui trouvant moins d'intérêt. Les personnages principaux n'ont finalement pas de grand rôle, ils manquent de développement pour qu'on s'y attache, et ils n'ont pas de réelle influence sur un avenir qui est déjà tracé. Je me retrouve à être simple spectateur d'un déroulement qui va dans une direction inéluctable.

Je pense donc qu'il faudra laisser à chacun se faire son avis, certains y verront une fable splendide sur l'humanité et l'écologie, mais pour ma part je trouve la conclusion bien trop haut perchée. Il n'en reste pas moins un travail formidable d'illustration qui a lui seul justifie la lecture, pour passer un agréable moment à en prendre plein les yeux.